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Th DELMAS Copyright
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PAIN D’ANTAN
Le lent labour des bœufs sur l’étroite parcelle,
Le bruit de leurs sabots, celui de leurs naseaux
Au vent frais du matin agitant les roseaux,
Anticipent pour nous le pain dans la corbeille.
Le geste du semeur parcourant les sillons,
Un sac de jute écru noué sur son épaule
Dont il répand le grain avec ou contre Eole,
Prend fin quand le soleil décline à l’horizon.
Par les fermentations, en hiver, au printemps
La terre désormais sourdement travaillée
S’apprête à engendrer à la fin de l’été
Une étendue de blés ondulant sous le vent.
Les moissonneurs coiffés de leurs chapeaux de paille,
De celle que jadis ils cueillaient en famille,
Parcourent inclinés, la main à la faucille,
Les andains de javelles et de gerbes qui vaillent
D’être en meules dressées pour que leur fruit murisse
Et prenne le chemin des meules du moulin
Qui moudra, c’est selon, du plus gros au plus fin,
Le blé en sa mouture pour que mieux il nourrisse.
Les bras du boulanger penché sur son pétrin
Malaxent à l’envi farine, eau et sel
Qu’un levain silencieux a travaillé à tel
Degré de plénitude qu’il confine au divin.
D’un geste sec et sûr il enfourne la pâte
Que son savoir a pu, au gré de son désir,
Dresser en miche, épi, couronne de plaisir,
Promesse de saveur, santé, délice, épate.
Raymond DELMAS
le 07 février 2009
Concours du Centre Poétique de MENDE : 2eme PRIX
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